J'ai pas vu venir ce
train caché par l'autre que je prends très régulièrement. Dès
l'entrée instrumentale « Rio », jusqu'au sublime
morriconien « Free » et change de quai. Le bolide
qui cache, c'est Warhaus que j'écoute non stop le plus souvent
possible. Quand « Ha ha Heartbreak » m'a
pris la tronche en 2022 je me suis dit qu'il s'agissait là d'une
définition presque parfaite d'une pop idéale à mes yeux, partagée
avec celle de Baxter Dury à certains moments de l'année.
Gémellité J.Bernardt et
Warhaus ? Maarten et Jinte à s'y perdre, physiquement pareil.
Pop donc, luxuriante,
spacieuse, mélodieuse, moderne, moelleuse et bien produite. Easy à
n'importe quelle lumière proposée. Trip chaloupé de crooners
baladins.. de « Zero one code » à « I'm
the ghost you forgot » récurent et entêtant.
Je suis bloqué en boucle
sur « Karaoke Moon » depuis des mois, le
genre d'album qui passe à travers les écrits, mais qu'on ne range
jamais. Comment parler de cette petite perfection pop ? par le
biais de son binôme scindé Jinte Perez, alias J.Bernadt, deux opus
2024 avec celui de Maarten Devoldere de la Flandre-Occidentale,
indissociables. Les fièvres du Balthazar.
Un air de coquelicot et
de lin a pris la clé des champs. Terminé le jaune à faire pâlir
l'orge et le froment. L’épeautre vit sa vie et les nuanciers
défilent.
Ce tendre violet des
étendues de linacées est apaisant, il contraste avec la robe
sanguine des pavots. Les lumières sont pornographiques, j'aime tout,
je suis polygamme.
J'ai longtemps était
partagé par la sorti du premier opus de Jesse.D Vernon, « Morning
Star » 1999 au crédit noir de monde. Je collectionnais
les disques « Microbe » et les conseils de Magic !
Seulement voilà, jamais dedans, peut-être une fois de temps en
temps. Il va falloir que je l'écoute à nouveau, car je tombe sur
« Luminal Zone » et je suis hyper emballé,
à tel point que les souvenirs du siècle dernier s'effacent.
Absolument printanier,
totalement rouge et bleu, aucun goût de moutarde dans le
vestibulaire.
« Mind mind »
comme une belle légèreté plus que tiède, « Coming
around » en ballade Macca avec Linda derrière, le doux
funky de « Carry it home »... Cet album est bon,
simple, sympa, easy en écoute à laisser défiler sans s'anicrocher
avec quoique ce soit.
J'ai dû louper quelques
chose de Morning Star, rendez-vous manqué. Tiens..« My
Place in the Dust » avec John Parish aux
manettes..pareil. Je ressors Magic !, les deux premiers albums,
je m'y replonge tout en gardant « Luminal Zone »
comme s'il s'agissait de retrouvailles.
Morning
Star Music Club 2025 « Luminal Zone »
sur Rough Trade
J'ai fait une belle
découverte en 2023, Nicolas Paugam et son univers bariotifolié. On
écoute sa discographie comme on s'abrite soi-même sans être
bricoleur. « La Délicatesse » m'a cueilli et je suis
encore sur sa balade sauvage. C'est une transition, avec son frère
Alexandre, ils ont fondé Da Capo que j'ai découvert en 2023 donc. À
peine le temps de découvrir la discographie grosse déjà, que
« Songs from the Shade » me tombe sur les
tuiles.
Pas un pour rattraper
l'autre. La fantaisie du rêve est venue à peine bicarbonater mon
réveil. À moins que le matelas ne me pelote encore. Dandy Arty
fantasque en douce épopée plombée.
J'ai 90 Days Men en tète,
la même dinguerie, Space et la même classe spiders qui fait
l'élégance baroque et le nuancier fou de la lune et du soleil.
« The Moon and the Sun ».. c'est pas possible une
chanson pareil !! me suis fait sucer la fémorale ou bien ?
Élixir sonore injecté..
voix ajustées.. les mélodies à couper les gorges des carnes
envoûtées. Je tangue, les montagnes acidifiées sont cendrées
comme le Black Mountain écaillé.
Je ne regarde pas les
ondes de peur qu'on ne parle point de cette folie, cette pureté
mélancolique .. comment grimper la chaîne si de cendre elle est
monticulée ? « Skeletons » et je dors dans
la ravine les os encore fumants. « Shadows » je
suis phoque en suie ; « Alone » où est
Rover ? C'est coffré et fragile, classique et cabarété.
« Hear me Brother » ? Nicolas ??
Le pavé Merlan Poire se
pavane dans l'assiette, avant la morsure du beurre noisette. Le
clapet s'impatiente j'ai du sel au bout des doigts, mes méninges
suintent. Déguster comme on tient une pancarte, bientôt la
traversée de Paris tranquille, sans se faire péter le steak plus
que ça, avec sous le paletot le DVD du dernier Mission :
Impossible enroulé avec la hampe.
Sur la planche en
éventail comme dirait Brigitte, j'ai déposé quelques tranches
fines de Comté, elle vont s'attendrir avant la croque. De l'autre
côté de la baie vitrée grande ouverte sur un printemps qui bombe
le torse, le hamac m'attend pour ma digestion au méthane. Ce sera
pour tout à l'heure quand j'irai fredonner avec le merle les airs
enjoués du dernier Bertrand Louis. Je repenserai à Baudelaire, puis
Verlaine, je relirai quelques textes des « Fleurs du Mal »
si le tangage ne m'embarque pas. À moins que je ne me fasse pomper
copieusement le cépage Glyphosate par une femelle moustique que nous
aimons tant.
Clavecin « Because »
pose la palette direct et ouvre l'heure époustouflante. Une petite
baffe les amis. Je n'aurais pas piqué un hanneton en voyant la
pochette et le nom qui va avec, du Syd Beatles je vous dis. J'ai un
vague souvenir d'un album des Simian qui avait en plus electro tâtait
du côté pop Fab Four dela sorte. « Lovely Suzy »
titille même le Harrison inspiré et l'ensemble un Caleb Landry
Jones hyper produit et polissé.
Certes ça va faire râler
les anti-revival rappel vintage rétroviseur en folie, mais et bref,
le son culmine, la prod reluit, le jeu excitant happe, ambitieux,
comment trouver encore de telles mélodies avec tout ce passé pop
massif et fastueux. Il faut rester jusqu'au bout, « To
please you all » et « The pagan truth »
sont des bijoux de 6 min.
Oubliez la pochette, ce
double vinyle est luxuriant, pas plus sombre que ça.
Oubliez le pseudo du bordelais pareil, je vais me faire une cover à
moi avec un blaze perso en écoutant ce brûlot, genre Arthur Kinks,
Art Barett.... Je vais pourtant aller acheter cet opus du côté de
la rue Saint Sabin, chez le taulier Born Bad.
Arthur
Satan 2025 « A Journey That Never Was »
sur Born Bad
Il y a donc eu un nouvel
IDAHO. Les 13 ans d'absence auraient dû décupler ce beau retour
embruiné, quelque soit la distribution. Les californiens ont fait
les beaux jours de mes 2000's (auprès de Grandaddy, Spaklehorse, Low..
dans le genre) et un peu plus encore.
Un an qu'il est sorti !!,
personne ne m'a rien dit... c'est ma came pourtant, ce sec son en
poisseuse lenteur qui me traverse. Je vais réserver tout le reste
pour me focaliser, ça tombe bien, une chaleur inattendue nous tombe
dessus alors qu'avril met son jaune crucifère à terre. L'ombre d'un
arbre pour ne pas me cuire le casque, peut-être les gambas au
soleil, le nouvel album d'Idaho tout le laps de temps qu'il faudra,
il est tout pile-poil comme j'aime, doucement, le strict minimum.
Rien à voir avec un
confinement. Je me souviens très bien encore il y a cinq ans et ce
recroquevillement, le cul dans l'herbe à souffler, à fouiller
l’alentour de proximité, approfondir les quelques encablures.
C'est finalement le seul moyen qu'on ait trouvé pour stopper les
guerres et les avions. Je me souviens d'entendre souvent mes
grand-parents afficher cette phrase qui me sidérait.. « il
leur faudrait une bonne guerre... ». Peut-être je sortirai
bientôt une même idée à la con.. genre « Il leur faudrait
un bon confinement à tous ces cons.. ».
Rien à voir avec le
confinement mais je suis bloqué à l'étage de mon toit, pour cause
de travaux. En bas c'est le chantier, l'odeur de plâtre, le vacarme,
la cloison qui tremble, là-haut, c'est la mansarde, la lumière
oblique, le cocooning tuilé, seul étage où personne du dehors n'a
le droit de monter. Les vinyles, les livres et les Compact-Disc y
sont soigneusement déposés. Le rocking-chair s'y balance, les
canapés sont racoleurs et le son délicieux. L'ordi éclaire la
sous-pente blanche, les disques laissent passer la profondeur prune
de la peinture murale. Le parquet grince et je laisse le grésillement
des galettes me bercer.
Oui, pourquoi je vous
raconte ma vie comme ça, je suis en fait tombé sur un album oublié,
comme tant d'autres, comment peut-on tout écouter nos pépites si
tous les jours il faut laisser le confinement dans le confins des
souvenirs !! Je suis isolé en haut avec Catherine Lara et son
premier album. Remugles d'émotions pétrifiées. Au moment où la
rockeuse inondait les ondes, je revenais avec sous le bras « Ad
Libitum », totalement improbable (Je crois que j'ai le même
problème avec le premier Lenorman).
Ses chansons en
coquelicots crépons sont éditées par April Music, la poésie est à
son comble (aménagé). Boublil à l'écriture, elle aux notes. C'est
une jolie époque pour plein d'artistes qui sont devenus autre chose
après. Je sais pourquoi maintenant j'aime tant Marissa Nadler des
forêts. Il y a un vinyle de Joan Baez rangé pas loin .. comment
j'ai classé tout ça moi ? Pochette noire, visages en
clair-obscur, avril c'est surtout la mort d'Orion. Pas évident de
mettre Catherine Lara sur la table, qui la connaît ainsi, juste
avant le petit jour, le cœur à découvert ?? Un quatuor
acoustique habité, Denise Glaser en onde protectrice, « L'étranger »
religieusement qui me fait penser à « La veuve de Joe Stan
Murray ». Tout coule au gré de son chant et des
enjolivures la vêtant.
Quelques heures confiné,
je n'aurai sans doute pas retrouvé Catherine à l'étage, la Lara
land des beaux jours, la mienne cet après midi sous la pente, « Ad
Libitum ». D'un autre temps.